Rurrenabaque – 26 Mars 2019
Il faut à peu près 14h de bus depuis la Paz pour arriver à Rurrenabaque. Pourtant située à 400km de la capitale, le bus doit rouler le plus souvent à moins de 50km/h à cause de la route peu entretenue. Mais, contrairement à ce que l’on peut voir sur Internet ou sur des guides touristiques, non, la route n’est pas la plus dangereuse du monde (il passait précédemment par la ruta de la muerte mais ce n’est plus le cas), nous n’avons pas l’impression de risquer notre vie. En effet, la plupart des guides conseillent de prendre l’avion, alors certes, on gagne du temps mais c’est tout de même 10 fois plus cher (on passe de 60 à 600 bolivianos soit de 8 à 80€ l’aller).
Arrivé à Rurrenabaque, on découvre un tout nouveau paysage de la ville bolivienne. Ici, le scooter est le moyen de locomotion principal et le tuk-tuk refait son apparition comme à Tupiza. Également, le climat tropical est là : chaleur pesante et parfois de grosses averses très puissantes.
Avant de prendre notre premier tuk-tuk, un français nous alpague pour nous attirer vers son business local : il a créé sa boulangerie française en plein dans le centre. Il suffira de quelques minutes pour retrouver les pains au chocolat et les chaussons aux pommes !
Rapidement dans la journée, on recherche une agence pour faire des excursions en forêt. C’est impossible d’y aller seul car déjà c’est interdit, c’est un espace protégé et c’est aussi dangereux car on peut facilement se faire piquer par un mauvais insecte ou même se perdre (paysage constamment en mouvement par sa végétation et ses rivières). On trouve alors notre bonheur : package semi-survivor en forêt et découverte de la pampa.
Trekking dans la Jungle – Mode semi-survivor – 27 Mars 2019
Personnellement, je m’attendais à tout pour ce trekking « semi-survivor », le nom me paraissait pas mal marketing au départ mais on découvrira très vite qu’il n’en est rien. Pour la petite histoire, il existe un livre (même un film) « Lost In The Jungle » où des touristes se retrouvent justement dans ce type d’excursion à Rurrenabaque et sont livrés à eux même. Comble du hasard, nous l’avions vu en Argentine car c’était un film récent qui se passait dans cette même jungle !
Bref, nous ne devons pas prendre notre tente, juste quelques fringues. On nous file une paire de bottes, une chemise, une machette et c’est parti !
Jour 1
On prend donc une barque direction la jungle. Au départ, petit détour au semblant de tour touristique où l’on apprend à faire du jus avec les cannes à sucre d’une culture. Intéressant mais on connaissait avec notre expérience dans l’île de La Réunion.
En reprenant la barque, on aperçoit une fourmi impressionnante de 2cm de long ! La photo à peine prise, le guide surgit avec sa machette et la coupe en deux immédiatement ! Il nous explique que c’est un insecte dangereux, la Ormiga Bala [Bala qui signifie balle]. La douleur de sa morsure est similaire à une balle de revolver. Il l’appelle aussi 24h de douleur. Elle est classée comme la plus dangereuse de l’Amazonie et une des pires piqures d’insecte au monde classée 4+/4 sur l’échelle de Schmidt.
Bref, on continue à naviguer et on s’arrête dans un endroit : la forêt vierge !
Vraiment, on était dedans tout de suite. Pas d’aménagement, pas de chemin, nous devons le créer avec notre machette.
A peine le bateau parti, notre guide Renato nous indique qu’il faut dès maintenant trouver un endroit pour construire un abri pour dormir et préparer le feu, car, effectivement le seul matos qu’il détient pour dormir ce sont des bâches, une moustiquaire et des couvertures.
Il est donc temps d’abattre, avec nos seules machettes, arbustes et arbres. (A savoir, les arbres et arbustes abattus repoussent en moins d’un an voire 2 au plus, on est pas dans un abattage de masse). On suit les directives, il faut choisir un bois d’une certaine largeur, d’une certaine forme. Le guide a un coup de main impressionnant, il coupe et il taille rapidement. En à peine 1h l’abri solide est sur pied, il y a même des grandes feuilles sur le sol pour un meilleur confort.
Pour ce qui est du feu, on ne l’a pas fait complètement à la main mais avec une bougie (ce qui reste une technique très intéressante). Il ne reste plus qu’à empiler les brindilles et morceaux de bois d’une certaine manière et tout prend feu progressivement. Évidemment, nous avons toute la matière première pour cuisiner, le guide nous montre aussi ses talents pour faire de bons plats rapidement. Le soir on observe les oiseaux retournés dans leurs nids dont des groupes de perroquets hauts en couleurs. On se régale, tout commence très bien.
Jour 2
On part pour aller un peu plus profondément dans la jungle et découvrir les différentes espèces. Les plantes anti-moustique, les insectes dangereux, les lianes qui contiennent de l’eau potable et qui filtrent également l’eau, les fruits comestibles, les champignons qui ne le sont pas, on mange des vers, on découvre les cérémonies indigènes particulières faites avec des arbres ayant des racines en forme de pénis*…
On a même reconstruit un pont pour traverser une rivière. En fin de journée on arrive pour faire la pêche au piranha (avec les vers que nous n’avons pas mangé), mais malheureusement, l’eau est trop trouble et les poissons pas trop présents. Seul le guide aura réussi à pêcher un poisson (qui ne sera pas un piranha).
On reconstruit un abri existant, on fait le feu, et repas.
*alors pour la petite histoire, les indigènes prédisaient des vertus avec ces racines d’arbre. En effet, après avoir frotté son pénis avec la sève de cet arbre et en se lavant pas pendant un mois sans rapport sexuel, l’homme pouvait voir la taille de son pénis s’agrandir. A bon entendeur.
Jour 3
Nous avons un objectif simple : aller vers une zone proche de la côte avec des arbres adaptés pour construire un radeau.
Dès le départ, le guide ne se présente pas très optimiste… en effet, la zone de forêt où nous nous trouvons est délimitée par l’agence et cela fait 6 ans qu’elle existe. En gros, 6 ans que des gens essaient chaque semaine de construire des radeaux grâce un certaine variété d’arbre qui doit être léger, facile à couper et creux. Mais le deuxième problème, c’est que nous sommes plutôt insistants parce qu’on avait soutenu avec l’agence que l’on tenait à faire un radeau.
Le guide a donc utilisé son expérience de guide indépendant et s’est rendu dans une zone plus reculée. Pour construire notre radeau, il aura fallu couper 12 arbres pour nous soutenir tous les 3 avec nos sacs.
[Charlotte]
Après avoir abattu 9 arbres, on se dit que c’est suffisant. On commence à monter sur la barque mais… elle coule. Le guide décide de traverser la rivière avec Sylvain car les bons arbres sont de l’autre coté. Moi, je suis sensée les attendre… Mais le courant est trop fort, impossible d’amarrer de l’autre côté et la barque n’est pas stable vu le manque de flottaison. Finalement, ils suivent le courant et retournent sur leurs pas. Le guide me crie de les rejoindre à l’endroit ou l’on a trouvé un arbre mort 20min plus tôt. Il n’y pas de sentier, je ne les vois plus, je met mes bottes très rapidement avec mes pieds pleins de boue, je me retrouve toute seule dans la jungle sans machette ni rien, je rebrousse chemin, je me dépêche, je commence à vraiment m’inquiéter… difficile de faire chemin inverse car la végétation est super dense et là, je vois le guide ! Ouf. Ils ont réussi à accoster, Renato me donne ma machette et m’indique de le rejoindre à l’arbre mort :'(. Finalement on a fait tout ça pour rien… on doit retourner où on était pour couper plus d’arbres. On y va, tous les trois, et c’est a ce moment là que Sylvain me crie « Attention ! Grosse fourmi sur ta chemise ! ». Je panique. Elle est sur mon dos. J’enlève la chemise en vitesse.
Mais impossible de savoir maintenant où elle se trouve. Et tout d’un coup, une énorme douleur envahie mon oreille. Je l’arrache de force et la jette par terre, le guide la tue et me applique rapidement une pommade indigène. Il m’explique qu’elle m’a piquée deux fois derrière l’oreille. Evidemment, c’est la ormiga bala…
Il commence à se faire tard, la nuit va tomber, on doit finir le radeau et trouver un endroit pour camper. Pas le temps de réaliser, j’ai la tête entière qui brule. On finit rapidement l’embarcation. Une fois sur l’eau, j’ai vraiment très mal. Le guide m’explique que d’avoir les pied dans l’eau amplifie la douleur ! génial… De plus, on avait rien mangé depuis 7h du matin. On est arrivé dans un campement aménagé, de nuit. On était vraiment dans un piteux état: tout trempés, affamés, sales. Les autres touristes du campement nous regardaient comme si on étaient des fous. La douleur ne diminuait pas d’un poil, je ne pouvais rien y faire… elle était constante.
La nuit était la pire de toute. Impossible de dormir ! J’avais l’impression que ma tête allait exploser. Sylvain m’a beaucoup soutenue, et le guide, voyant que je ne pouvais pas dormir, est venu me voir et m’a mis de nouveau de la pommade. Au bout de longue heures, j’ai enfin trouvé le sommeil.
Le lendemain il n’y avait plus rien juste l’oreille un peu engourdie. Heureusement ce n’est plus qu’un mauvais souvenir ! Maintenant je peux dire je me suis fait piquer par un des insectes les plus douloureux au monde deux fois 🙂
Jour 4
C’est bon ! Tout est rentré dans l’ordre ! Nous avons pu sécher nos affaires, nous reposer, et Charlotte ne ressent plus de douleur. On prend donc le radeau pour un voyage de quelques heures, direction un autre EcoLodge pour terminer le périple de jungle.
On se chauffe pour couper 3 bois supplémentaires afin de bien renforcer le flottement du radeau et on commence la navigation.
Pas de réelle difficulté sur le trajet, le guide gérait 90% des manœuvres, et nous, on cuisait au soleil sur le radeau.
On a profité de ce moment pour discuter avec Renato, sur sa vie, les différentes légendes indigènes, sa famille etc.
Ça nous donne envie d’élaborer un projet avec lui sur un trekking longue durée (environ de 15 à 20 jours) en amazonie mais bien après notre voyage en Amérique du Sud. Ça pourrait être une super aventure unique à vivre avec des potes, pourquoi pas.
On arrive donc à un EcoLodge, ou plutôt hôtel ici, puisque l’on a des douches, une chambre, des hamacs, de quoi se ressourcer.
On avait normalement un après-midi pour se reposer mais on aperçoit un groupe de touristes qui se rendent dans un bateau pour pêcher, observer les perroquets et le coucher de soleil. On les suit !
La Pampa – Excursion découverte
Les 3 jours de pampa représentent clairement le moment détente (c’est là où j’ai pu reprendre toute l’écriture du blog).
On prend un bateau pour parcourir des rivières étroites, entourées de végétation, et on arrive dans un EcoLodge en plein milieu de la pampa (différent de la jungle car on est plutôt entouré d’une rivière avec de la végétation flottante. Au passage, et à chaque trajet en bateau d’ailleurs, on croisera une très grande diversité d’oiseaux, on verra aussi des singes et alligators.
L’EcoLodge est situé dans une zone très fréquentée par les animaux, il suffira de sortir la tête de la chambre pour observer dès le lever du soleil tous les animaux environnants. Il y a aussi un alligator nommé Diego, habitué à faire son apparition dans la cour du lodge. Il porte ce nom car, pour la petite histoire, il a mangé il y a à peine 4 semaines auparavant la main d’un guide qui s’appelle Diego. En effet, ce dernier a tenté de le caresser et ça n’a apparemment pas plus à la bête. On regarde donc Diego de loin :p.
Ces 3 jours sont donc alimentés par plusieurs activités dans l’intérêt constant de voir toujours plus d’espèces animales, c’est ce qui nous a attiré.
On admire le coucher de soleil, lever de soleil, on va nager avec les dauphins et s’amuser avec (oui il y a des dauphins en rivières!), on va faire la pêche au piranha, chercher des animaux sauvages rares.
Ben tu vois c’est un truc qu’on à raté avec ta mère…C’est bête tu aurais pu te la péter devant le guide…Dommage…Il faut dire,quand même, pour notre défense, que nous fréquentions très peu de fourmiliers à l’époque… Si on avait su…On en aurait invité un à la maison….
bisous
Hahaha, c’est vraiment dommage ! :’D
Ma pauvre Charlotte, tu n’as vraiment pas de pot. Ou alors tu es plus appétissante que Sylvain, du moins du point de vue d’une fourmi. Faites quand même attention à nous revenir en un seul morceau…
Saleté de bestioles que ces fourmis ( Je crois avoir vu un reportage là dessus. Certaines tribus les utiliseraient comme rite de passage à l’age adulte pour les jeunes hommes….Enfin il me semble mais je peux me tromper ) Perso comme rite de passage je crois que je préférerai le truc du pénis. Mais bon à chacun son truc hein ….
Coucou ! Oui c’était bien un rite de passage pour les jeunes hommes mais aussi pour certaines filles. Le but étant de montrer sa force et de ne pas pleurer, bien-sûr j’ai échoué :,D mais les indigènes triche un peu, notre guide s’est fait piquer énormément de fois et n’a jamais eu mal. Il nous a expliqué leur secret: quand ils atteignent l’âge 7 jours, ils sont fouettés avec une langue de fourmilier jusqu’à ce que le bébé hurle !